" Qui souhaitez avoir tout le plaisir"

Chansons et musiques de Pierre Regnault dit "Sandrin"

Sandrin (? ,† après 1561) fut musicien et compositeur membre de la chapelle royale , et "des musiciens du roi" sous François 1er , Henri II, et François II. Il se rendit en Italie auprès du cardinal de Ferrare, Hyppolyte d'Este ambassadeur de France à Rome, dont il était le maître de chapelle en 1554. Ses premières chansons furent publiées à Paris en 1538 chez le célèbre imprimeur Pierre Attaignant. Il fut l'auteur d'une cinquantaine de chansons dans le style parisien, et peut être considéré comme le premier introducteur en France du style italien. Bien que Sandrin soit un compositeur mineur, ses chansons sont un superbe exemple d'élégance. Elles furent les plus populaires de son temps et furent reprises par de nombreux compositeurs, musiciens et arrangeurs, dans les anthologies instrumentales en particulier pour le luth, la guitare, l'orgue et la viole de gambe. Certains thèmes furent aussi adaptés en Pavanes, Gaillardes ou autres Basses Danses, d'autres comme modèles thématiques à des messes. Sa très célèbre et très belle chanson Doulce mémoire, dont le texte est attribué à François 1er, est sans doute le plus grand "tube" de la musique de la Renaissance à en juger d'après l'abondance des rééditions , des arrangements et des parodies..

La plus grande partie de la musique de Sandrin éditée avant 1543 est composée dans le style typique de la chanson parisienne, que l'on associe surtout à l'oeuvre mieux connue de Claudin de Sermisy (1490?, 1562). Elle est essentiellement harmonique, même si l'on y trouve des imitations et autres éléments de contrepoint. Les chansons utilisent la forme : AABAA ( Pleurez mes yeulx, La volunté, Amour pense...). Elles utilisent fréquemment un rythme propre à danser la Pavane (Qui souhaitez, Mamie est tant honnête. Tout en continuant à étudier ce style, il travailla de 1543 à 1549 à la mise au point d'un rythme plus souple. Certaines de ses oeuvres présentent la caractéristique italienne et très dynamique de la frottole au rythme ternaire avec des hémioles (Mais pourquoy). ou de danses comme la gaillarde (Puisque vivre en servitude). Dans d'autres chansons, il cherche le moyen d'intégrer binaire et ternaire à l'intérieur d'une courte chanson, pour rendre plus souple la déclamation du texte. ( Ce qui m'est deu, Celle qui m'a le nom d'amy donné, En réveillant les demoiselles). De la sorte une chanson en apparence aussi simple que Réveillez vous mes damoiselles, possède un rythme très complexe. Sa dernière chanson éditée, Amour si Haut, montre parfaitement l'influence du style italien. Elle est plus contrapuntique, contient davantage de chromatismes que la plupart de ses premières chansons, et on y trouve en abondance les caractéristiques du madrigal italien . D'ailleurs , le seul madrigal qu'il ait composé (Amor l'arco, montre qu'il avait à la fin de sa vie complètement assimilé ce style.

Ce concert illustre,avec une grande variété d'instruments, la richesse de l'oeuvre de Sandrin. Les chansons accompagnées , tour à tour au luth, à la basse de viole et aux flûtes à bec succèdent aux danses avec les "hauts instruments" : ensembles de cromornes, bombardes, chalemies et cornets, les instruments copies d'anciens étant utilisés en famille ou "consort".